[Semaine du shôjo] Setona Mizushiro

« Quelle est la meilleure mangaka shôjo et pourquoi ? »

C’est la question qui a été posé à nos blogueurs (et blogueuses) par les instigatrices de la Semaine du shôjo. Pour cette année 2014, je participe (d’où l’article). Et vous pouvez trouver ma réponse dans le titre, au risque inévitable de détruire tout suspense. Désolé.

Un article avec un chat est un article qui commence bien.

Donc voilà. Ne rechignant pas à la lecture de manga, quel que soit leur genre (sauf l’EroGuro, désolé Meloku !), je peux dire que j’avais l’embarras du choix. Et pourtant, la réponse m’a semblé tellement évidente. Si, parmi mes nombreuses lecture estampillée shôjo, il y a une mangaka qu’il fallait sortir du lot, alors l’Elue, c’est bel et bien Setona Mizushiro.

Pourquoi ? me direz-vous (et aussi parce que c’était demandé et que j’allais pas clore mon article en à peine 100 mots).

Évidemment, si j’ai pensé à Mizushiro dès le début, je me suis demandé, en mon fort intérieur, ce qui me permettait d’exclure toutes les autres. Dans ma liste, j’avais par exemple Natsuki Takaya pour son excellent Fruits Basket, mais éliminée parce que, justement, dans son œuvre, je ne retiens que Furuba.

J’aurai pu citer Kazuya Minekura (que j’adore beaucoup beaucoup), mais ces titres sont-ils classés en shôjo/shônen/jôsei/seinen/que sais-je encore ? Après tout, ils semblent pouvoir changer de magazine de prépublication (et donc, en théorie, de public cible) en cours de route sans que cela ne gêne personne. Deuxième soucis, la disponibilité de ses mangas associée à des pauses à rallonge (INFO : le tome 2 de Saiyuki Reload Blast sort en Juillet prochain, deux ans après le premier) qui font que, en France, si on veut un titre complet de l’auteure, on a juste son one-shot Stigma… Bref, c’est galère.

Il me restait aussi les CLAMP, mais leurs derniers titres m’ont laissé de marbre, même si Gate 7 semble renouer avec leurs débuts. Malheureusement, ce dernier n’est pas un shôjo. Plop.

Je peux continuer ma liste encore longtemps, mais ça devient rébarbatif, non ? Bref…

Je voudrais qu’on mette les choses au clair. Je n’ai pas choisi Setona Mizushiro par dépit, en éliminant une à une les candidates dans un battle royal sanglant mais remplis de paillettes roses, de pétales de fleurs de cerisier et de fonds tramés. Au contraire, elle s’est imposée naturellement, par l’impact que la lecture de ses mangas a eu (sur moi, ma vie, mon œuvre).

C’est avec son premier titre sorti en France grâce à Asuka, L’Infirmerie après les Cours, que je découvre Setona Mizushiro. J’avais présenté le manga à ma sœur en ces termes : « Bah c’est l’histoire d’un mec qui en fait est à moitié fille et il se bat dans une infirmerie secrète. Et il y a une girafe. » Et, à vrai dire, c’est pas complètement faux.

En l’espace de 10 tomes seulement, Mizushiro explore les limites du genre, masculin ou féminin, alors que son héros, Mashiro, se complaît dans les stéréotypes attitrés à chaque sexe, se permettant régulièrement des propos d’un sexisme bête et méchant. Et la mangaka en profite pour nous interroger sur notre propre rapport face à la question du genre. En effet, avec un héros qui devient contre son grès une héroïne tous les jeudis soir (non, on ne parle pas ici de soirées étudiantes aux mœurs louches), Mashiro va être obligé de revoir son jugement et ses a-priori inopportuns, surtout lors de ses confrontations (verbales ou, hum, physiques) avec So, qui, en plus de prendre Mashiro pour une femme, a des propos plus nuancés et d’une justesse bien calculée.

Pour exemple, quand Mashiro tente de se convaincre qu’il ne peut aimer So parce qu‘il est un homme (LOL), So lui rétorque que cela devrait plutôt être même s’il était un homme. La nuance est là et on regrette encore que Mashiro n’est pas tenté le coup, elle qui était obnubilée, si elle aime So se sera en tant que femme, s’il aime Kureha alors il sera un homme. Ah, cet hétérocentrisme !

Alors que le titre aurait pu avoir quelques passages yuri et/ou yaoi, il n’en sera rien. Dommage.

Mais voilà, L’infirmerie, c’est fini, c’est même plus trouvable dans le commerce autrement qu’en occasion. Ce qui est fortement regrettable. A quand une réédition ?

Asuka (devenu Kazé) continue heureusement de nous faire parvenir ses derniers travaux. Ainsi, on a eu l’excellent jôsei Le jeu du chat et de la souris, dans lequel Mizushiro dépeint la vie de couple de deux hommes, dont le point de départ était quand même assez limite, typique du yaoi au scénario prétexte à des scènes de sexe. Mais rapidement, Mizushiro embraye sur la psychologie bouleversée de ses personnages, avec leurs forces et leurs faiblesses, quitte à en faire un peu trop (surtout dans le deuxième tome qui n’en finit pas d’en finir justement). Bon, je regrette toujours le positionnement trop rigide (ni très clair) de Kyoïchi quant à sexualité, s’affirmant hétéro jusqu’au bout (car il ressent toujours une attirance sexuelle pour certaines femmes), croyant ne pas « pouvoir aimer un autre homme comme un gay le ferait », alors qu’il partage sa vie avec un homme. Dans ma tête, Kyoïchi vit une bisexualité qu’il ne nommera point (désolé de décider pour lui)(désolé pour les nombreuses parenthèses).

Dans la catégorie titre court, Asuka a profité du succès de L’infirmerie pour nous gâter avec des séries plus anciennes(*),  S (3 tomes), Diamond Head (5 tomes) et une réédition « Deluxe » de X-Day (1 tome au lieu de 2). Le premier est un titre sportif, le second pourrait s’inscrire dans la case « comédie romantique lycéenne ». Mais là encore, Mizushiro surprend. Avec S, elle nous prouve qu’elle peut s’attaquer à tous les genres. Le sport est un joli prétexte, la compétition servant avant tout à mettre en avant ses personnages, comme à son habitude. Diamond Head est plus complexe : passé des débuts gentillets, la suite et fin devient sérieuse, avec une atmosphère plus pesante.

X-Day a un point de départ plus audacieux et qui la destinait dès le départ à être court : une bande d’élèves qui ne se connaissait pas se regroupe autour d’une unique motivation : faire exploser leur lycée. Comme S, ce one-shot a une fin abrupte mais qui marque les esprits, en plus de laisser un doute…

Relativement récemment, on a pu profiter de son shôjo sur les vampires, Black Rose Alice. Un titre surfant donc sur la mode des vampires, mais à la sauce Mizushiro, et c’est effectivement plus original que le titre laisse suggérer. A travers Alice, l’héroïne (d’où le titre du manga, tiens), la mangaka insuffle ses passions : mode et pâtisserie. Alice profite en effet de son nouvel état de Reine des Vampires pour s’offrir ce qui lui plaît, succombant aux sirènes de la mode. Et le café tenu par les jumeaux lui permet de s’empiffrer à volonté.

Malheureusement, la narration est molle, sans surprise et ne décolle que quelques chapitres avant la fin de la première partie. De tous, il s’agit clairement du moins bon titre disponible (et ce, malgré ses qualités indéniables). Du coup, je vais pas m’étendre dessus, je ne voudrais pas vous laisser avec une mauvaise impression (ce serait fâcheux).

Enfin, dernier né chez nous, un titre qui nous dévoile l’amour de l’auteure pour les chocolats, comme le montre un peu plus, jour après jour, son blog. Heartbroken Chocolatier explore le chemin tortueux de Sohta qui le mènera (peut-être) à l’amour de sa vie, celle qui l’inspire jour après jour dans la création de chocolats gourmands et croquants. Un manga moins sérieux et lourd que Black Rose Alice, avec de l’humour, de l’amour et des chocolats. Des chocolats. DES CHOCOLATS ! Je ne vois pas ce qu’on peut demander de plus (à part, peut-être, des donuts).

J’ai dû farfouiller les tréfonds du blog de Setona Mizushiro pour trouver ces donuts #STALKER

Enfin, reste Nônai Poison Berry qu’on attend depuis des lustres. Encore en cours avec bientôt un quatrième tome, on y suit le quotidien un peu fantasque d’une jeune femme qui n’est pas toute seule dans sa tête. Sa vie n’est donc pas facilitées par les multiples embrouilles que lui cause son état mental. Mon conseil ? Une bonne psychothérapie et on en parle plus (ou pas). Ce manga sortira bientôt chez Kazé. Et puis, ça fait quelques années que je l’annonce, tôt ou tard, la preuve sera faite que j’avais raison.

Dans tous ces titres, il reste une constante, un thème commun : l’Amour. Et c’est d’autant plus vrai dans les deux derniers titres précités. Comme le montre cette bibliographie succincte, à travers des registres toujours variés, Setona Mizushiro explore les sentiments humains avec justesse et précision. Elle nous présente toujours des personnages attachants, même si certains mériteraient des baffes (coucou Mashiro !). Son style de dessin, s’il ne dénote pas du reste de la production shôjo, lui reste propre et facilement identifiable, avec ces personnages aux longues mains et aux doigts fins et arachnéens. En résumé, quelque soient vos affinités avec le shôjo, vous devriez trouver votre bonheur au sein de la production de Mizushiro !

La semaine shôjo chez les autres participant(e)s :

Ma petite Médiathèque
AfterMangaverse
Yukie
Hana Borderland
Le monde du boy’s love
Instantané
Paoru
Manga Suki
Les chroniques d’un newbie
– Nuits sans sommeil
L’antre de la louve
Les chroniques de Miawka
Yaoicast
Club Shôjo

[LISTE MISE A JOUR AU FUR ET A MESURE, N’HÉSITEZ PAS A REVENIR (C’EST PAS DU TOUT POUR MES STATS—)]

(*) On me signale dans les commentaires que X-Day est sorti avant l’Infirmerie après les Cours, contrairement à ce que j’ai écrit. Oups.

14 réflexions sur « [Semaine du shôjo] Setona Mizushiro »

  1. Super et merci. J’adore cette mangaka ses œuvres sont très biens. J’essaie de faire vivre le 1er forum français que j’ai fait sur elle mais je n’y arrive pas trop. Pourtant elle a au moins autant de mérite d’être connu que clamp par exemple et l’infirmerie après les cours est sa meilleur œuvre.

    1. De rien ! 🙂

      Faut dire qu’il est plus difficile de faire vivre un forum sur une mangaka shôjo qui publie deux/trois tomes de ses séries par an et a, que sur un mangaka shônen qui publie un chapitre par semaine pour six tomes reliés par an… :/

  2. Chouette rétrospective que voilà 🙂 . A ceci près (désolée pour le pinaillage) que la première oeuvre de Mizushiro à sortir en France chez Asuka, c’est X-Day et pas L’infirmerie après les cours. J’avais aussi été séduite dés le départ par son univers 😉

    1. Ah ? J’avoue que j’ai pas vérifié les dates, honte à moi, mais c’est vrai que quand j’ai commencé L’infirmerie, X-Day était déjà publié. Mais je ne savais pas si sa sortie avait précédé celle de L’infirmerie ou non.

      1. Je m’en souviens à cause de mon petit goût des séries longues 😉 . Comme X-Day ne faisait que 2 volumes, je l’ai vilement emprunté. Et ça a été une joie de voir un manga plus long – L’infirmerie après les cours – disponible de Mizushiro. Voilà 😉 . J’ai bien aimé S aussi, mais jamais été au-delà du volume 1 de Diamond Head…

        1. Ah, c’est dommage, c’est un titre sympa dans son début, et un peu plus marquant par la suite. Sans trop de prétentions, mais qui réussit toutefois à laisser une bonne impression, notamment suite à un revirement brutal dans son ambiance, qui remet tout en question. :3

  3. Je ne peux qu’être d’accord avec ton choix ! =P

    J’ai bien aimé Blackrose Alice par contre, et j’attend la suite, même si je n’ai aucune date de sortie à me mettre sous la dent…

    Et il est vrai que Nounai Poison Berry tarde à être licencié ! Des lustres qu’on l’attend et toujours aucune annonce…

    1. Surprenant ! XD

      Je pense que Mizushiro commencera la deuxième partie BRA après avoir fini Heartbroken Chocolatier. On ne sait donc pas trop quand. (HC devait se finir en 2013, donc c’est quelque peu raté…)

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