Doukyusei est un manga de Asumiko Nakamura, connu en France pour rien du tout vu que personne ne fera le lien avec le one-shot Crazy Affair sorti chez Taïfu il y a plus de deux ans. Mais par chance, Meloku avait présenté la mangaka sur Nostroblog, lors de l’un de ses articles sur les mangakas d’exceptions spéciales femmes de talent. Doukyusei, c’est un one-shot suivi du dyptique Sotsugyosei. C’est un gros succès au Japon puisqu’il y a eu un film adapté du manga début 2016. En France, c’est l’éditeur spécialisé dans le Boy’s Love, IDP, qui nous fait parvenir le premier tome au début de l’été.

L’histoire est celle de deux élèves d’un lycée pour garçons, l’extraverti Kusakabe et le réservé Sajô. Le premier fait partie d’un groupe de musique et n’est donc pas gêné à l’idée de chanter en public, contrairement au second qui fait donc semblant. Kusakabe va ainsi proposer son aide à Sajô.
Les présentations faites, on va pouvoir développer la chronique en plusieurs points de manière très ordonnée sinon je risque de m’y perdre et d’oublier un truc, ce serait dommage quand même.
L’édition.
Je ne connaissais pas du tout IDP avant. Sauf de nom, parce que leur lancement s’est effectué il y a quelques temps déjà par des abonnements à des collection de packs-mangas, genre tu prends tout ou rien. Maintenant* on peut commander sur leur site et c’est plus pratique.
(*) Je sais pas depuis quand mais c’est un détail.
Concernant le livre lui-même, c’est correct, même si pour le prix (7,95€ + frais de port), je m’attendais à mieux. Surtout que le transport a abîmé le livre dans les coins, faute de protection suffisante (et j’en connais qui ne supportent pas ça). Après, traduction, pages couleurs, c’est bien. Je note aussi quelques soucis d’impression avec du noir qui bave. Juste de quoi gâcher les sublimes illustrations d’Asumiko Nakamura. Agaçant.
Le dessin.
Mon Dieu le dessin. Nakamura a un style bien à elle, tout en finesse, d’une incroyable douceur et délicatesse. Et je ne dit pas ça parce que c’est une femme. La mangaka a un trait aérien avec une mise en scène fluide et lisible, exploitant avec justesse les jeux de regards et l’expressivité de ses visages au menton pointu. Et contrairement à beaucoup de shôjo, les pages sont bien remplies et les cases aussi, avec des décors plutôt que des trames.
Asumiko Nakamura. J’adore ses cheveux qui volent au vent, ses longs doigt arachnéens, ses personnages longilignes, ses regards si expressifs…
Le scénar’
Bien développé, avec quelques clichés inhérents au genre. Avec un point de départ basique « deux garçons que tout oppose apprennent à se connaître », Nakamura s’en sort bien. On assiste à la naissance d’une relation plus qu’amicale, où les sentiments éclosent lentement.
C’est également un prétexte pour la mangaka. Le thème de l’adolescence, de ces changements, lui permet de développer ses personnages sur d’autres thématiques (la peur de l’échec, les doutes quant à l’avenir, etc.) qui ne sont pas forcément cloisonnées à cette période de la vie. Au fur et à mesure que Kusakabe et Sajô apprennent à se connaître, on découvre leurs faiblesses, leurs envies. Ils s’apprivoisent mutuellement, doucement.
Et en même temps, il y a beaucoup d’humour et de légèreté, venant adoucir un ensemble qui aurait pu paraître trop sérieux.
C’est calme, très posé, aidé par les dessins de la mangaka, et ce début de relation reste très chaste, sans la moindre scène de sexe, pour ceux qui se posent la question. Du coup, pour les personnes peu friandes du genre, Doukyusei peut être une très bonne entrée en la matière. Ici, vous n’aurez pas l’envie ou le besoin de vous rincer les yeux à l’eau bénite après la lecture.
D’après la postface, il s’agit du premier BL de l’auteur (mais pas d’après sa bibliographie donc je comprends pas trop ce qu’elle veut nous dire en fait). Bref. Une belle réussite donc, vu que son succès a permis la naissance d’une suite (prévue en septembre chez nous) et d’une adaptation animée.
Truc qui m’énerve.
La mention « pour public averti ». Sérieusement. Qu’est-ce qui la justifie pour ce titre. Il n’y a strictement aucune scène choquante. Sajô et Kusakabe ne vont pas plus loin que de mignons petits bisous sur la bouche. Des titres bien plus violents et osés sortent sans le moindre avertissement. Est-ce qu’on met ce genre d’avertissement dans les shôjo gnangnan ? Non. Mais là, c’est un BL, il s’agit de deux hommes, donc réservé à un « public averti ». Alors que leur relation n’est que romance et tendresse. Argh, ça m’énerve.
« connue en France pour rien du tout vu que personne ne fera le lien avec le one-shot Crazy Affair sorti chez Taïfu il y a plus de deux ans. »
Hé ! Oh ! Si, moi quand même… Clairement pas le meilleur Nakamura, mais j’ai beaucoup aimé (et du coup ils sont rangés à côté dans ma bibliothèque).
Concernant le dessin, j’adore la délicatesse de Doukyusei. Mais je trouve que ses premières œuvres étaient bien plus belles. J, évidemment, mais aussi La Respiration de Copernic (qui devrait te plaire, je te connais). C’est juste splendide.
C’est sa première série publiée dans un magazine BL (Opera), avant elle était éditée dans Manga Erotics F. Mais ça ne l’empêchait pas d’aborder l’homosexualité, bien au contraire.
(Et là, la mention « pour public averti » est nécessaire.)
J’ai pensé à toi en écrivant la phrase d’intro. :3
Sinon, tu éclaircis un truc qui me paraissait bien étrange, merci.
Maintenant, pour ses autres titres, je vais devoir attendre une vf ou vUS à moins que tu veuilles que j’ai recours aux VILAINS SCANTRAD !!!
Mais non, fais comme moi et commande la Asumiko Nakamura Collection en vo. De toutes façons aucun éditeur ne sera assez courageux pour les sortir, aussi bien en France qu’aux USA.