Le mari de mon frère

Ototo no Otto (弟の夫), le seinen manga de Gengoroh Tagame, vient d’être annoncé chez Akata sous le titre Le mari de mon frère.  Publié depuis Septembre 2014 dans le Monthly Action des éditions Futabasha (un mensuel comme son nom l’indique), le titre ne fait pour l’instant que deux tomes (bientôt 3) au Japon, et le premier volume sortira chez nous le 8 septembre prochain au prix de 7,95€ (format seinen et pages couleurs en début de tome). Le tome 2 est prévu pour novembre et pour la suite on dépendra du rythme japonais (un tome tous les 8 mois environ).mari-frere-1

En voici la présentation de l’éditeur, telle qu’on pouvait la lire dans leur planning avant l’annonce : Après « Une Sacrée Mamie » et « Un drôle de père », le nouveau seinen manga familial… pour tous !
Un indice subtil, donc. Maintenant, le résumé (toujours rédigé par l’équipe d’Akata, vive les copiés-collés) :
Yaichi élève seul sa fille Kana. Un jour, leur quotidien est perturbé par l’arrivée d’un Canadien, Mike Flanagan, qui n’est autre que le mari du frère jumeau, aujourd’hui décédé, de Yaichi. Mike est venu faire un voyage identitaire dans la patrie de l’homme qu’il aimait mais Yaichi ne sait absolument pas comment se comporter vis-à-vis de ce beau-frère homosexuel. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…

Et quitte à faire des copiés-collés à tout va, je pourrais continuer dans cette voie et recopier les quelques lignes que j’avais écrit sur ce manga (qui n’en était qu’à son premier tome), dans mon article consacré à Gengoroh Tagame sur Nostroblog. En fait je vais me contenter de reformuler et de me paraphraser (et d’y cacher du contenu inédit)(ça vous forcera à être attentifs).

ototo no otto souscouv
Quatrième de couverture intérieure du 1er tome (en vo).

Le mari de mon frère, c’est le manga idéal pour découvrir Gengoroh Tagame sans avoir à lire des scènes de sexe entre hommes. Car il aborde des thématiques gays au sein d’un magazine mainstream, ce n’est donc pas un manga gay (plus communément appelé « bara » même si le terme a une connotation négative au Japon). Une première pour lui, donc. Et, un succès, puisque le premier tome (sorti en Mai 2015) avait été réimprimé quatre fois en moins de deux mois, avec un premier tirage qui s’était écoulé en seulement 3 jours. L’annonce d’Akata rajoute même que trois autres réimpressions ont suivi, et ce n’est pas fini… On peut dire que ni l’auteur ni l’éditeur ne s’attendaient à un tel démarrage. Je n’ai malheureusement pas de telles données pour le tome 2, paru en Janvier 2016 (pas faute d’avoir cherché).

Côté récompenses, Le mari de mon frère a été listé dans le classement « Kono Manga ga Sugoi » 2016 (11e position) et celui des Comic Natalie Award 2015 (9e position ex-æquo). Gengoroh Tagame a également reçu le Prix de l’Excellence au dix-neuvième Japan Media Arts Festival catégorie manga (aux côtés de 4 autres mangakas dont Akiko Higashimura qui reçoit, elle, le Grand Prix). Si on remonte dans le temps, Akimi Yoshida avait reçu cette même distinction en 2007 pour Kamakura Diary, Yu Aida en 2012 pour Gunslinger Girl, etc. Dans cette longue liste, on retrouve, en vrac et entre d’autres noms, Reiko Shimizu, Naoki Urasawa, Takehiko Inoue, Daisuke Igarashi, bref, de grands mangakas !

Le titre est publié tous les mois, mais le mangaka prend une pause d’un à deux mois après avoir sorti le dernier chapitre de chaque volume, et il semble avoir le droit à la couverture du magazine et des pages couleurs à chaque retour. Et comme rien ne se perd, on retrouve tout dans la version relié, la couv’ du mag fait office de couv’ du futur tome et les pages couleurs sont conservées.

OnO mag 042016
Illustration qui servira pour la couv’ du tome 3.

Le mari de mon frère, c’est un manga tout calme, dans le registre Slice of Life. Suite à l’arrivée de Mike dans sa vie, Yaichi devra revoir et repenser les stéréotypes absurdes qu’il avait sur les homos, alors que Kana met régulièrement les pieds dans le plat, avec la naïveté et la franchise décapante propres aux enfants de son âge. Les deux hommes vont tout deux apprendre l’un de l’autre, entre Mike qui se familiarise avec les coutumes japonaises et Yaichi qui découvre la culture et le militantisme LGBT (Gengoroh Tagame propose des notes sur le sujet entre chaque chapitre) et qui va devoir revenir sur ses aprioris et son homophobie intériorisée.

Si l’histoire est donc aux antipodes de ses créations habituelles (dirons-nous), il a également adapté son style de dessins, qui reste toutefois bien reconnaissable : visage plus simples, figures plus douces, des cases plus légères, etc. Mais toujours ce soucis du détail pour l’anatomie masculine.

Alors même si Tagame se centre évidemment sur le Japon, avec la situation des LGBT sur l’archipel et l’évolution du regard de la société à leur encontre, dans un contexte français où la manif pour tous s’est si bien implantée, où la loi Taubira semble encore faire débat et où le gouvernement à lâchement reculé sur la PMA et les droits des personnes transgenres, ce manga permettra, je l’espère, d’ouvrir les consciences. (Même si honnêtement je doute que Gengoroh Tagame évoque la PMA, la GPA et les droits des personnes transgenres, mais on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.)

Vous pouvez retrouver l’auteur sur Twitter ou Tumblr, à vos risques et périls puisqu’il continue de publier du manga NSFW dans le magazine gay Badi.

3 réflexions sur « Le mari de mon frère »

  1. Je l’ai trouvé très chouette, frais, bon enfant et pédagogique. Bonne pioche en cette rentrée 2016 (et merci, le titre était reste dans ma tête depuis l’article sur Nostroblog)

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