L’ère des Cristaux

Janvier 2016 risque d’être fort chargé en nouveautés mangas à tester. Outre l’inévitable Deathco d’Atsushi Kaneko chez Sakka et l’inattendu Underwater ~ le village immergé de Yuki Urushibara (la mangaka à l’origine du paisible Mushishi) chez Ki-Oon, voici que Glénat annonce un titre mystérieux. Et contrairement à Ki-Oon qui utilise le français que pour un sous-titre, ici pas de franglais bizarre. Ce manga, dessiné et scénarisé par Haruko Ichikawa, sera nommé en France L’ère des Cristaux. Avec bientôt 5 tomes au Japon, cette série raconte l’histoire de gemmes humanoïdes, quasiment toutes d’apparence féminine qui luttent contre des envahisseurs venus d’ailleurs.houseki no kuni 1

Au vu de ce synopsis rapide, je ne peux m’empêcher de penser à Steven Universe. Et pourtant, exceptée l’idée de cristaux à l’apparence humaine, il ne devrait pas y avoir d’autres similitudes entre les deux œuvres. Phosphophylitte, que l’on appellera rapidement Phos parce que c’est plus facile à retenir et rapide à écrire, un cristal vert très fragile, est le héros de cette histoire. Malgré ses allures androgyne, il semble que ce soit un héros et non une héroïne comme je le croyais, selon le résumé fournit par Glénat, que voici :

Dans un très lointain avenir, les humains ont disparu. Ne reste qu’une nouvelle forme d’êtres vivants minéraux, les “gemmes”, se livrant à une guerre contre les Séléniens, une race lunaire mystérieuse. Chez ces êtres de cristaux, la valeur guerrière tient à la résistance du cristal. Phos, être de cristal fragile, tente d’exister dans un conflit pour lequel il n’est pas taillé. Incapable de guerroyer, il s’attèle alors à rechercher les origines du conflit dans l’Histoire de leur monde. Qui, de l’historien ou du combattant, mettra fin à la guerre ?

Pour le moment, le genre des gemmes m’apparaît incertain, avec une confusion possible entre leur apparence et les pronoms les désignant. Et les vilaines team de scantrad ont l’air d’avoir eu le même problème que moi, après quelques recherches rapides. Ils ont donc utilisé une traduction parlant d’elles au féminin dans les premiers chapitres, se fiant à leur apparence, pour ensuite utiliser le masculin, conformément à la version japonaise (même si utiliser le masculin pour signifier le neutre amène un autre problème). Et Glénat suit donc cette voie. Voici donc un nouveau point de comparaison avec Steven Universe : les gemmes sont agenres.HOUSEKI

Mais passons, il y a plus important : le manga lui-même. L’oeuvre de Haruko Ichikawa est particulière à plus d’un titre. D’abord, on a le dessin, avec des personnages fins et élancés, aux designs originaux. Malgré le nombre de cristaux (on en dénombre 28, même si tous ne sont pas présentés dès le début), pas de risque de les confondre entre eux. Les décors sont bien mis en avant, que ce soient les prairies aux herbes hautes à perte de vue ou la beauté des fonds marins. Un trait aérien, tout en souplesse, très épuré sans être minimaliste. Cela donne une impression de calme, comme si tout était paisible, alors qu’il n’en est rien. Tout peut basculer d’une seconde à l’autre, devenant alors d’une violence incroyable. C’est déroutant.

La mise en scène des combats n’est pas toujours des plus limpides, malgré l’aspect chorégraphié des mouvements, s’apparentant plus à de la danse sanglante. Le chara-design des ennemis est lui aussi atypique, évoquant les divinités bouddhiques, ce qui m’a rappelé l’un des premiers arcs de Gantz. Même si ici, les ennemis sont bien plus gracieux, ce qui n’enlève rien à leurs terrifiants pouvoirs.houseki3

Le manga est donc à cheval sur plusieurs genres, en fonction des chapitres. On suit Phos dans son quotidien, alors qu’il veut se battre mais se voit contraint de faire de la recherche pour remplir une sorte d’encyclopédie du monde. A la fois récit de science-fiction post-apocalyptique et tranche de vie, L’Ère des Cristaux est un manga surprenant.

Le scénario est assez imprévisible, et la mangaka semble pouvoir nous emmener où elle le désire, au gré de ses envies. Passant d’une page à l’autre à une scène d’introspection contemplative à de l’action effrénée où la survie des gemmes est en jeu. Par ailleurs, Haruko Ichikawa profite de certains moments de répit pour brasser plusieurs thématiques, que ce soit la mort ou la solitude, vouées à être plus développées au fil du récit. De quoi donner le ton. Néanmoins, on peut aussi reconnaître l’usage de facilités dans le scénario, comme lorsque Pho se voit confier la rédaction d’une encyclopédie, prétexte évident pour nous faire découvrir le monde des gemmes à travers ses yeux. Mais face à la richesse et à l’originalité de l’univers présenté, on peut être indulgent envers la mangaka face à cette petite paresse de sa part.afternoon mag houseki no kuni

Le premier tome est donc prévu le 20 Janvier prochain chez Glénat, pour un peu moins de 8€, avec du papier sûrement trop fin, comme c’est devenu la norme chez l’éditeur. Sur ce, je vous laisse avec cette bande-annonce japonaise sous-titrée en anglais, sortie à l’occasion de la parution du premier volume.

Site de l’auteure : http://ptpt.x0.to/pp/

7 réflexions sur « L’ère des Cristaux »

    1. C’est parce que la vidéo a été traduite et sous-titrée par les mêmes personnes qui utilisaient le féminins dans les premiers chapitres de scantrad. 🙂

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