Digimon Tamers est la troisième saison de la saga Digimon, et l’on peut dire que c’est à partir de là que j’avais complètement décroché (à l’époque de sa diffusion). Je me rappelle vaguement d’une fille qui a un digimon renard, pour le reste, c’est le trou noir. L’arrivée prochaine (enfin… façon de parler) de Digimon Adventure Tri est l’occasion de m’y remettre sérieusement.
Tamers se déroule je ne sais pas trop quand après (ou avant ?) Adventure. A priori, il s’agirait d’un univers alternatif dans lequel Digimon est une franchise de jeu de cartes. Et on y suit Takato, un fan de la licence, qui va même jusqu’à inventer des Digimons (en s’inspirant de designs pré-existants). Takato a aussi de grosses lunettes sur le front, ça doit être l’une des caractéristiques nécessaires pour devenir un héros dans ce dessin animé. Bref. Un jour, événement perturbateur : sa création devient réelle ! Tadadam. Il devient alors un Digimon Tamer (« dresseur »). Parallèlement, une organisation mystérieuse suit à la trace les Digimons qui apparaissent dans notre monde, tandis que justement, Culumon le mignon digimon se promène tranquillou…
L’organisation mystérieuse est située au sein du siège du gouvernement métropolitain de Tokyo (Tôkyô-to Chôsha) ce qui m’a évoqué X-1999 de Clamp. Pas une mauvaise référence si ce n’est l’absence de fin… 😥 Hypnos, c’est le nom de l’organisation du début de ce paragraphe, est un système gouvernemental qui permet de surveiller le réseau informatique. Hum, ça m’évoque étrangement quelque chose… Bref.
Cette fois-ci, le groupe est moins nombreux, et moins soudé (du moins, au début). Takato & Guilmon ; Ruki & Renamon ; Jiangliang & Terriermon. Si vous avez lu mon article précédent sur Digimon (malgré sa longueur), vous avez certainement remarqué que je trouve Terriermon trop choupi. Eh ben ça n’a pas changé. Et là encore, quand il évolue en machine à tuer tout en riant d’un voix trop mimi, il devient super flippant. Quel contraste ! Tout ça pour dire que, dans le trio, c’est lui mon chouchou.
Surtout que Guilmon est une sorte de dérivé d’Agumon et qu’on avait déjà un dinosaure bleu dans Adventure 02, maintenant, c’est un dinosaure rouge… Je peux donc supposer que chaque saison donnera au protagoniste principal un digimon dino cracheur de feu et d’une couleur différente. Chouette. Guilmon a beau être lui aussi choupi kawaï, je suis pas un fan des redites.
Renamon, le digimon renard-ninja, est plutôt cool, mais il est assez dommage que ses évolutions supérieures soient moins offensives que les deux autres : l’un est un chevalier, l’autre une machine de guerre et elle se contente de faire des prières ou des danses bouddhiques. C’est joli, c’est super puissant et ça a des effets destructeurs sur les ennemis mais bon, ça ne correspond pas trop au caractère rentre-dedans de Ruki. Et encore une fois, c’est le digimon d’aspect féminin (même si ceux-ci n’ont pas de genre) qui reste en retrait alors que les autres se battent au corps à corps. Dommage.
Tamers apporte beaucoup de modifications par rapport aux deux saisons d’Adventure. Déjà, la forme des digivices, qui peuvent désormais lire les cartes du jeu. Du coup, ça permet par exemple d’améliorer temporairement la vitesse d’un digimon ou de l’équiper d’ailes ou d’armes… On se croirait un peu dans Yu-Gi-Oh, même si l’utilisation des cartes pour booster leurs digimons n’obéit pas à des règles précises et bien élaborées.
Mais cette saison introduit aussi (plutôt tardivement) un nouveau principe d’évolution : pour atteindre la forme finale (Mega en occident, Ultimate au Japon [究極体 Kyûkyokutai]) les digimons fusionnent avec leur partenaire humain respectif. Et honnêtement, si ça aurait pu être kitsch ou ridicule, c’est finalement une bonne idée, puisque cela permet de renforcer le lien humain-digimon et la façon dont cette évolution est amenée se trouve être des plus cohérentes.
Dans Tamers, plusieurs thématiques propres aux digimons sont traités. Le lien entre digimons et humains (partenariat ? amitié ? maître-animal ?) via Ruki, Renamon, mais aussi deux digimons étonnamment indépendants, Culumon et Impmon. Et aussi des questions découlant de ce que sont les digimons eux-mêmes : simples données informatiques ou êtres vivants et conscients ? Les enfants s’interrogent aussi sur la nécessité ou non de faire évoluer leur digimons, avec Jiangliang qui craint ce que deviendra Terriermon s’il change d’aspect et donc de caractère, alors que Ruki désire ardemment que Renamon évolue et cherche donc le combat. Ruki est un peu l’archétype de ce deviendront les « tsundere ».
Et pour le duo Takato & Guilmon, les choses restent compliquées : un digimon inventé de toute pièce a-t-il une lignée d’évolution ? Et puis, d’où viennent les digimons ? Pourquoi apparaissent-ils dans notre monde ? Sont-ils destinés à s’affronter les uns les autres ?
Tamers est principalement scénarisé par Chiaki Konaka, qui a travaillé (entre autres) sur Serial Experiment Lain. Il est aussi le papa de l’épisode 13 d’Adventure 02, celui au références lovecraftiennes. Cette saison 3 aura donc pléthore de références au mythe de Cthulhu et l’ennemi final renforce l’ambiance sombre typique des récits de Lovecraft (et le design de Kenji Watanabe n’y est pas étranger non plus). Tout ceci peut donc expliquer les problématiques similaires sur le thème réalité versus virtuel (que l’on retrouve dans Serial Experiment Lain) et la maturité du propos. Je trouve ça assez osé de s’interroger sur ce qu’est un digimon au bout de trois saisons, de proposer une sorte de reboot alors que l’on s’attendait à revoir les digisauveurs, même pour des caméos de fan-service. Il n’en sera rien.
Lovecraft est loin d’être la seule source d’inspiration. Dans ce nouveau monde digital qui n’a plus rien en commun avec celui des deux saisons précédentes (oubliez tout ce que vous croyiez savoir), on peut voir que l’Enfer selon Dante est d’une influence notable. En effet, tout comme cet Enfer, le monde digital est organisé en couches successives, comme les Cercles, et au plus profond y réside le Mal… Un mal endormi, attendant son heure, comme le terrible Cthulhu ! La boucle est bouclée.
Dans Tamers, on se concentre sur les origines du monde digital et ses racines technologiques et scientifiques. Les adultes ont donc un rôle plus important à jouer, voire un rôle crucial dans certaines situations. Que ce soit les parents du trio, notamment lorsque leurs aventures se déroulent dans le monde réel, les adultes qui gèrent Hypnos, la société de surveillance des intrusions de digimons, ou encore ceux qui ont travaillé sur le projet de vie artificielle (devenu par la suite un simple jeu de cartes !)… Tous ont, tôt ou tard, leur moment de gloire. C’est un changement appréciable qui permet d’avoir un traitement moins immature, alors même que les héros ont à peine 10 ans.
Passé le début où règne un aspect Slice of Life mêlé de fantastique, avec son introduction obligatoire des digimons, de leurs évolutions et de leur partenaire humain, le récit lance sa véritable mythologie. Au sens propre, puisque les ennemis sont inspirés de mythes chinois et japonais. Parce que les références à Lovecraft et Dante ne suffisait pas. On a d’abord les Devas, digimons dont l’apparence est inspiré des signes du zodiaque japonais. Leur nom est lui issu des douze guerriers divins (ou yaksha) du bouddhisme. C’est l’occasion de revoir Lopmon, le digimon lapin choupi vu dans le film Hurricane Touchdown aux côtés de Terriermon. Ce n’est pas pour rien que les deux se ressemblent : ils sont jumeaux (et kawaï)(comme le montre la première image tout au début de ce même article).
Vous vous souvenez de Qinglongmon dans Zero-Two ? Gardien de l’Est dans le monde digital, le dragon bleu était le seul parmi les quatre bêtes saintes à être présenté. La saison 3 change donc la donne et nous montre les trois restants. Cet arc scénaristique occupe les 2/3 de la série. Et contrairement à Adventure et sa suite, le but des trois héros et de leurs partenaires digimons n’est pas simplement de combattre les méchants digimons, puisque tout n’est pas que noir ou blanc, mais bien plus nuancé.
Et puis vient l’arc final, qui a des allures d’apocalypse à la Neon Genesis Evangelion mais à la sauce Digimon. C’est-à-dire que ces derniers épisodes sont sombres, désespérés, que les personnages traversent une crise psychologique grave mais que personne ne mérite de se prendre des baffes dans la tronche (je ne vise personne…). Après avoir assisté à la mort d’un digimon (contrairement à Adventure, les digimons ne renaissent pas dans les digi-oeufs, mais leurs données peuvent être chargées par un autre digimon afin qu’il devienne plus puissant), Juri (une autre Tamer) subit une dépression de plein fouet, un trauma qui la poursuivra durant le dernier arc et qui lui donnera un rôle-clé (tout en tombant dans le malheureux cliché de la demoiselle en détresse…).
Si les enfants sont envoyés au front des combats, ce sont les adultes qui gèrent la situation et commandent. Les enfants ne font qu’obéir, ne remettant pas en cause l’autorité des adultes, alors même que ce qui arrive est de la responsabilité de ces derniers. A des moments, on est en droit de se demander si on regarde bien la bonne série ! Digimon, c’est pas censé viser un public de gamins ? Quoi, on peut faire des dessins animés pour enfants sans les prendre pour des attardés ?!
En effet, Takato, Jiangliang et Ruki sont bien mis en avant, avec leurs digimons, à affronter les horreurs qui envahissent le monde réel comme le monde digital, mais ce n’est pas seulement eux qui auront la clé de la victoire. Si l’accent est (malheureusement) surtout mis sur Takato et Guilmon via ses évolutions, il faudra compter sur l’aide des adultes les accompagnant pour obtenir la victoire. Mais tout cela ne se fera pas sans sacrifice…
Jusqu’à sa fin, Tamers est la série Digimon qui fera le plus preuve de maturité et de sérieux. Et ce, même si certains moments sont égayés par de l’humour bien enfantin. Si, par nostalgie, Adventure restera éternellement dans mon cœur, Tamers a largement de quoi détrôner ses grandes sœurs.
Le hasard fait bien les choses, j’ai maté les digivolutions de tamer par nostalgie :3. Je trouve que ce sont celles qui se laissent se regarder le plus de fois.
Joli article, ça m’a fait plaisir de redécouvrir cette histoire qui m’avait vraiment plu même si c’est vrai que la fin était assez spécial. Il y avait cette ambiance que je trouvais stressant en particulier à cause de Juri.
Je n’ai vu que la version française, les noms que tu utilise sont ceux de la version japonaise ?
Oui, je vu une versions vostfr, mais qui n’emploie pas toujours les mêmes prénom et noms que dans les wikis digimons. J’ai jonglé entre les deux, en fonction de ce qui me paraissait le plus cohérent… >_<
C'est vraiment la meilleure saison à mon goût. :3