Comme vous le savez déjà certainement, Digimon revient cette année (on ne sait pas encore précisément quand mais on devrait avoir la date sous peu genre demain) avec les héros des deux premières saisons (d’où le « tri ») et ce, même si les premiers visuels ne montrent aucun des protagonistes principaux de Zero-Two (du coup, j’ai quelques doutes sur la présence de Daisuke, Iori et Miyako, mais on verra bien).
J’ai mis la vidéo parce que je ne me lasse pas de la regarder et surtout parce qu’on est au printemps 2015 et aucune date plus précise n’a été annoncée. Alors, oui, c’est un peu piégeux par rapport au sujet du jour, mais on fera avec.
Digicontexte ~
Mais revenons sur Digimon Adventure et Digimon Adventure Zero-Two. Les deux premières saisons donc, datant déjà de 1999-2000. On était alors en pleine Pokémania, et c’était un peu la guéguerre entre les deux franchises. Au détriment de Digimon, arrivée après, et vue comme une bête copie. Il est vrai qu’entre des gosses faisant affronter des monstres entre eux et d’autres gosses faisant affronter d’autres monstres entre eux, difficile de faire la différence. Surtout que bon, c’est encore un truc débile japonais, pfffff *haussement d’épaule & soupir blasé*.
Toujours est-il que moi, j’avais choisi mon camp. Car même si j’appréciais le rat électrique de Pokémon, son vocabulaire limité (Pika pika !) et son blocage d’évolution (monsieur ne veut pas devenir un gros Raichu tout moche) m’agaçaient. Et dans Digimon, tout est résolu : les créatures interagissent réellement avec leurs humains domestiques et retournent à leur état initial après le combat. Et ça, ça change tout !
Et pis y avait un lion et j'aime les lions.
En plus, il y a cette histoire de monde virtuel à la Matrix, et c’était cool. A l’époque, je suivais la série sur TF1, et j’ai dû voir à peu près une vingtaine d’épisodes, soit les deux premiers arcs, après l’arrivée des Digisauveurs sur le continent Serveur et leur combat contre Etemon. Dans la même optique, je n’avais vu que très peu d’épisodes de la deuxième saison, je savais juste que le méchant était un humain et que le héros semblait être une photocopie de Taï.
J’ai donc profité de mon temps libre pour revoir l’intégrale, mini-films compris.
La Digi-aventure commence ! ~
Rappelons l’histoire. Alors qu’ils sont en vacances, un groupe d’enfants est emporté dans le digimonde où chacun découvre son partenaire digimon. Et c’est parti pour l’Aventure, avec un grand A. C’était simple à résumer.
Tai & Agumon ; Kôshiro & Tentomon ; Yamato & Gabumon ; Mimi & Palmon ; Takeru & Patamon ; Sora & Piyomon ; Joe & Gomamon. Le sept enfants et leurs partenaires digimon se retrouvent piégés sur une île inconnue et vont devoir survivre alors que de dangereux monstres les recherchent. Mais l’anime ne s’oriente pas comme les survival games à la mode en ce moment. Les enfants ne vont pas devoir s’entre-tuer et il n’y aura pas de fan-service à base de boobs.
Il y a néanmoins cet aspect survie, avec recherches de nourriture, d’endroits où dormir, où se laver, etc. Le tout, avec des mystères sur le Monde Digital et son existence, que Kôshiro se fera un plaisir d’étudier (c’est le « geek » de la bande). Et évidemment, pour corser l’aventure, il y aura de vilains ennemis, dont le premier, Devimon, marquera les premiers épisodes de sa patte diabolique. Comme méchant, il a quand même plus de classe qu’Etemon.
Si les combats de monstres et les nombreuses évolutions des digimons à la base kawaï en gros trucs imposants et pas choupis (à part Ikkakumon qui semble avoir une fourrure toute douce) sont ce que l’on retient en premier, il y a une seconde lecture possible, plus mature.
En effet, c’est loin des adultes que les enfants révèlent leurs problèmes. Problèmes évidemment liés à ces mêmes adultes. Kôshiro et le lourd secret que lui cache ses parents qu’il a compris malgré les non-dits, Yamato et Takeru qui vivent mal le divorce et la séparation de leurs parents, Sora et sa mère, etc. Ce ne sont pas de petits sujets, ni des thèmes abordés régulièrement dans des dessins animés dits « pour enfants ». C’est d’ailleurs pour cela que dans la version occidentale, le tout est aseptisé. Quand Takeru parle de pizza en vf alors qu’il regrette que leur mère ne soit pas avec eux dans la version originale, il y a de quoi soupirer de frustration…
Cette aventure dans le Monde Digital est donc pour eux un moyen d’évacuer leurs peurs, de grandir et de mûrir. Comme tout voyage initiatique, il sera ponctué de combats, de doutes et d’échecs. Et les enfants devront devenir plus forts, s’endurcir, pour affronter la vie. Et tout cela est imagé avec leur arrivée sur le continent, nouveau lieu inconnu, où ils doivent trouver leurs symboles, moyens pour leurs digimons d’évoluer à des niveaux plus élevés. En France, le symbole de la Pureté de Mimi est devenu la Sincérité, et celui de la Sincérité de Joe est devenu la Responsabilité. Pourquoi ? Mystère…
On retombe rapidement sur un arc répétitif où chaque épisode montre le symbole et l’évolution correspondante, reflétant le premier arc où chaque épisode mettait un digimon à l’honneur. C’est une construction narrative logique, mais ça devient rapidement lassant.
Heureusement, survient alors l’arc du huitième enfant. L’occasion d’apporter un bol d’air frais et un brin de mystère. Qui est cet enfant ? Où est-il ? Quel sera son rôle ? Toute la fin de la série et l’ultime méchant montre encore une fois que ce n’est pas qu’une série pour gosse (même si un peu quand même).
Léger bémol, durant tout Adventure l’accent est principalement mis sur Tai et Yamato et leurs digimons respectifs, au détriment des autres digisauveurs. Beaucoup d’épisodes mettent en scène leur rivalité, et Agumon et Gabumon sont les seuls dont le niveau d’évolution Mega est dévoilé dans l’anime lui-même, alors que les autres doivent se contenter des jeux vidéos… Peut-être que Tri corrigera ce défaut.
La Digi-aventure continue ! ~
Note : le 02 indique à la fois qu’il s’agit de la deuxième saison, mais aussi que l’histoire se déroule en 2002, trois ans après Adventure. Et si l’on revoit régulièrement l’ancien casting, de nouveaux digisauveurs sont mis en avant, et l’histoire a un aspect bien plus mondial (même au niveau des films).
Cependant, cet aspect mondial est entaché par des personnages étrangers un rien caricaturaux de la culture qu’ils représentent et le côté répétitif des épisodes présentant ces Digisauveurs vivant en dehors du Japon.
Mais je me suis un peu avancé, puisque cet arc dit mondial arrive peu avant la fin de la saison. Le début est en effet consacré à l’Empereur Digimon, le premier ennemi qui soit humain. Avec ses tours noires et des roues noires, il prend contrôle du Monde Digital et des digimons eux-mêmes, tout en empêchant le fonctionnement des anciens Digivices ! C’est avec ce prétexte scénaristique que l’on nous introduit les nouveaux Digisauveurs : Daisuke, Iori et Miyako et leurs partenaires digimons respectifs : V-mon, Armadimon et Hawkmon, avec une nouvelle technique d’évolution dite « Armor ».
Mais même une fois que les digivolutions seront à nouveau possible sans digimental (digi-oeufs en français de mémoire), on ne reverra pas plus les anciens. Pire, une troisième technique de digivolution (appelée jogress) sera présentée, expliquant après coup la fusion de WarGreymon et MetalGarurumon dans le film Our War Game…
Plus loin dans l’anime, l’un des digimons les plus majestueux, Qinglongmon, donne une explication complémentaire à l’impossibilité pour les anciens digimons d’atteindre les niveaux Ultime et Mega de leurs évolutions. C’est assez étrange et en plus, cela vient de scènes jamais vues (même pas dans les films), se déroulant on ne sait pas trop quand entre les deux saisons (ou alors j’ai pas tout suivi). Cela ressemble à un tour de passe-passe pour justifier a posteriori l’absence de l’ancienne génération. Ou c’est peut-être pour créer tout plein de nouveaux monstres et faire tout plein de produits dérivés et de jouets.
Un nom d'attaque qui a été changé en Occident...
Au premier abord, Daisuke paraît un bête copié-collé de Taï, et le fait que ce dernier lui passe ses lunettes ne fait qu’aggraver la comparaison. Mais si l’on passe ce point de détail, on a une seconde saison aussi aboutie que la première, et plus unie. Les différents arcs ont plus de liants entre eux, chaque « fin » amenant la suite de manière plus fluide que dans la précédente saison, alors même que les digisauveurs affrontent en même temps des ennemis qui ne travaillent pas ensemble et n’ont pas de but commun.
Comme dans la saison précédente, Daisuke est beaucoup plus mis en avant que Miyako et Iori, notamment parce qu’il est vu comme le rival de Ken. Et puis, c’est le héros, c’est lui qui a le digimon dinosaure (bleu, cette fois-ci).
Pour éviter la redite, les enfants ne sont pas perdus dans le monde digital, mais peuvent faire des allers-retours librement grâce à leur nouveau modèle de digivice. Cela permet aussi d’avoir un aspect plus important du monde réel sur la trame, tout en ayant à l’occasion un aperçu de la précédente génération.
De plus Zero-Two est l’une des rares œuvres à utiliser le cliché du « méchant qui devient gentil » de manière plus subtile et réfléchie que ce que l’on voit en général, puisque cela sera traité jusqu’au bout, jusqu’au dernier épisode. On aura aussi une réflexion mature sur l’existence des digimons grâce à BlackWarGreymon, un digimon super classe créé de toute pièce pour détruire les deux mondes, mais qui prend conscience de la vacuité de son existence et cherche alors un but à sa vie, une raison d’être. Et qui se met aussi à philosopher.
Tout le monde ne peut pas avoir la classe de Devimon.
Petit problème qu’il faut noter, c’est la sous-exploitation de Takeru et Hikari, ce qui est surtout dommage pour cette dernière. En effet, une piste narrative commençait à mettre son personnage en avant, puis a été abandonné en cours de route. Comme ça, pouf. Tout ce qui tourne autour du « Dark Ocean », cet étrange monde au sein du Monde Digital, d’où viendrait l’énergie noire ayant servie à l’autoproclamé Empereur des digimons pour créer ses tours et roues, n’a finalement abouti à rien. C’est dommage, puisque l’anime développait une intrigue bien plus sombre que ce à quoi on était habitué. Et cela remettait une digisauveuse de la première génération sur le devant de la scène. Mais non, ils resteront tous deux en retrait, malgré leur expérience. Je soupçonne que ce changement de direction est dû à un conflit dans l’équipe créative.
Dans le même genre, toute la storyline de Daemon est avortée en moins de deux. Autre ennemi n’ayant aucun rapport avec la trame principale mais enrichissant le scénario par sa présence, le pauvre a simplement été banni dans le « Dark Ocean » et c’est tout.
L’un des films de cette saison, en l’occurrence mon préféré, est un peu dans cette même veine sombre et mature. En France, il a été horriblement mélangé à ce qui fut appelé Digimon : Le Film. Eurk. Dans Hurricane Touchdown, on suit donc Wallace et Terriermon, un digimon trop choupi, alors que son second digimon se transforme petit à petit en un monstre démoniaque à l’allure de clown et d’ange déchu mêlés. L’ambiance du film se veut mélancolique, puis bascule petit à petit dans une sorte d’horreur surréaliste et violente alors que la bande-son se fait angoissante, à la fois lourde et pourtant aérienne. Subtil. A des lieux de ce que c’est devenu en vf (à savoir, une horreur sans nom).
Le film reste difficile à situer dans la chronologie puisque Gatomon (désolé, lapsus) Tailmon et Patamon peuvent évoluer au niveau Mega (avec de nouvelles formes inédites d’ailleurs) mais que dans le même temps, on ne voit pas Ken dans l’équipe (et l’on ne verra pas Wallace durant Zero-Two). Mais au final, je m’en fous, le film est bien, c’est le principal.
Le Digi-sabotage… ~
Evidemment, je ne serais pas complet ni même impartial si je passais sous silence l’horrible adaptation qu’a subi la saga Digimon à travers les âges. Passe encore d’adapter les noms à l’occidentale parce que le japonais c’est compliqué ouhlala. Même si passer de Hikari à Kari, c’est un peu concon. Mais changer toute la bande-son, pourquoi ?
Et tout, je dis bien tout, a été mis en oeuvre pour adoucir le ton pourtant pas si sombre et rendre le tout le plus bête possible pour que ce soit « adapté » au « public cible ». Parce que l’on prend les gosses pour plus débiles qu’ils ne le sont. Par « on », j’entends évidemment Saban Entertainment, qui détient les droits d’adaptations à l’international, ce qui leur a permis de saccager allègrement tout ce qui pouvait avoir un intérêt (je ne mentionnerais même pas le « film » sorti en 2000 qui est en fait une bouillie infâme de trois films différents et sans aucun lien scénaristique entre eux à l’origine)(ce n’est pas parce qu’il y a des personnages communs qu’on peut les mixer et réussir à faire une seule histoire cohérente).
Une scène censurée en Occident...
J’ai plein plein d’exemples, mais je vais me limiter (j’en ai déjà abordé un avec celui des pizzas). Commençons par le commencement. Le premier épisode, introduction à l’univers. On voit des images de catastrophes climatiques (sécheresse, inondations, etc.) que Taï commente de façon légère (inondation = sauce chocolat…) puis il continue son monologue pour se présenter lui-même et ses amis, le tout avec des qualificatifs trop rigolo. Dans la version japonaise, rien de tout cela. Quand les septs futurs Digisauveurs aperçoivent les premiers flocons, il y a juste une musique en fond sonore, pas de blabla inutile. Et c’est comme ça tout le temps. Faut que ça cause, et que ça cause, sans cesse.
Autre exemple. Un épisode de la seconde saison fait office d’hommage à l’oeuvre de Lovecraft. Le titre donne le ton : « L’Appel de Dagomon » (double référence : à l’appel de Cthulhu et à Dagon). Hikari y a des visions d’un étrange univers inquiétant, un autre monde (digital ?) sombre où des créatures tentent de l’y attirer, le fameux « Dark Ocean ». En classe, elle a soudain une vision de brouillard, avec qu’un zoom arrière la montre seule et entourée d’eau à perte de vue, le tout avec une musique inquiétante mettant dans l’ambiance. Peu bavarde dans la version originale (« Mais ? Que… Quoi ? » en gros) elle est juste surprise, trop surprise pour faire de l’humour. Dans la version de Saban Entertainment, tu as d’abord le prof de math qui raconte son cours, Takeru qui se plaint, puis enfin, Hikari qui s’amuse : « Je sais que mes compétences en maths sont brumeuses, mais ça n’a rien à voir, mdr ! » ou encore « Est-ce que quelqu’un aurait oublié de fermer les robinets ? ptdr ! » (ce sont les vraies répliques, à un détail près).
Bref, tout est fait pour édulcorer l’ambiance, pour atténuer le côté sérieux des aventures des digisauveurs. Rien ne leur sera épargné par le traitement de Saban. Un peu comme 4Kids avec Yu-Gi-Oh.
Une petite Digi-conclusion ~
Digimon Adventure & Zero-Two sont de bonnes séries qui ont bien vieillies. Et même si la nostalgie joue beaucoup, l’essentiel de Zero-Two a été pour moi une découverte puisque je n’avais que des souvenirs épars de cette saison. Au final, au travers des thèmes abordés et malgré certains gros défauts, je pense que cette dernière saison m’a plus marqué que la première. Et même si j’ai redécouvert Adventure dans une version non censurée, 02 avait plus de contenus inédits à me proposer, et ça joue un peu en sa faveur.
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