Destin funeste (1)

Oui, oui, oui, ce billet est bien placé dans la section « Manga ». Non, non, non, je ne vais donc pas parler de mort, suicide et autres joyeusetés du même acabit. Cet intitulé de mauvaise augure me sert en fait d’accroche. Et il me servira à vous parler, avec tristesse, des titres qui, rencontrant le succès au Japon, se sont vautrés en France…

Et aujourd’hui, la première victime de ce massacre est Le Cortège des Cent Démons.

Doki-Doki est la filiale manga de l’éditeur de BD Bamboo, sortant principalement des bédés d’humour, style Les Profs ou Raoul et Fernand.  Le 26 avril 2006, Doki-Doki sort donc ces deux premiers titre Geobreeders et le Cortège. Le premier est un titre 100% action, qui ne trouvera pas non plus son public (la série est actuellement en pause, avec juste 3 tomes de plus au Japon).

Le Cortège, par contre, c’est une autre histoire. C’est un shôjo fantastique à publication lente (l’auteur, Ima Ichiko, prenant le temps de faire d’autres manga à côté, genre, des yaoi), le premier tome étant sorti en Septembre 1995, et le tome 20 sortant début Juillet 2011. Ce qui fait un tome tous les 10 mois, environ.

Avec ce titre atypique, Ima Ichiko nous conte les aventures fantastiques de Ritsu, jeune lycéen qui peut voir les étranges entités qui nous entourent. Alors qu’il aimerait bien vivre tranquillement, et réussir ses études aussi, il est toujours embarqué dans des situations compliqués à cause de ses pouvoirs. Heureusement, il est aidé par Aoarashi, un démon qui vit dans le corps de son père depuis que celui-ci est décédé, même si celui-ci pense plus à manger qu’autre chose. Ritsu peut également compter sur Oguro et Ojiro, deux piafs un peu bête et pas très efficaces, mais pleins de bonne volonté ! Une équipe de choc !

« Un chef-d’oeuvre mêlant savoureusement humour et fantastique »

Malheureusement, si la série est édité à un rythme régulier pendant ces cinq premiers tomes, il faut attendre 4 mois pour le sixième qui, funestement, sera le dernier à sortir, en avril 2007.  A l’époque, il n’y avait que quinze tomes au Japon…

En fait, je me suis commandé la série pour mon anniversaire, le 11 Août. Soit à peine plus d’une semaine avant que ne tombe la triste et décevante nouvelle. La série est mise en pause, suite à un remaniement de l’éditeur japonais (je ne sais rien des détails, si ce n’est que là-bas aussi, la série fut mise en pause quelques temps).

C’est le genre de nouvelle qui la fout mal. A peine ai-je commencé la série…

Coincidence ? I don’t think so !…

Puis, en mars 2010, le couperet final tombe, trois mots fatals, signant la mort de la série en France : arrêt de commercialisation.

Alors, à vrai dire, il y a plusieurs manière de vivre cette décision. La première, crue et réaliste, et de se dire qu’au vu de ventes catastrophiques, arrêter la vente du Cortège trois ans après la sortie du « dernier » tome, c’est pas un drame. C’est même logique, puisqu’en trois ans, les lecteurs avaient largement le temps de commencer le manga…

Mais on peut aussi faire preuve d’une naïveté touchante et d’un optimisme à toute épreuve ! En effet, pour pouvoir vendre une nouvelle édition du Cortège, quoi de mieux que de supprimer des ventes l’ancienne version (à l’instar de Panini et du manga Planète) ?

Cet arrêt est d’autant plus dommage que sa qualité est reconnu de tous. Ainsi, la série d’Ima Ichiko a reçu le prix d’excellence pour l’année 2006 de la part de l’Agence japonaise des Affaires Culturelles, en même temps que Yotsuba. A noter que cette année-là, Spirit of the Sun a aussi reçu un prix. A croire que les titres récompensés en 2006 ont été maudits…

Mais ce malheur ne se limite pas qu’à la France… Non, le type qui a fait ça est doué, très doué… En effet, le Cortège devait sortir en Amérique sous le titre Beyond the Twilight chez Aurora Publishing en mai ou juin 2009. Il fut reporté à l’année suivante, pour ne finalement jamais sortir, l’éditeur n’existant plus à ce jour. Et MangaFactory, nouvel éditeur avec pratiquement les mêmes employés aux commandes, a un site internet inexistant depuis maintenant plus d’un an… Et puis, de toute façon, ils n’ont pas repris les séries prévues, seulement celles encore en cours au moment de la faillite de leur ex-employeur…

Ah… C’est triste. Si triste… D’autant plus triste que ce magnifique manga d’Ima Ichiko réunit tout ce que j’aime en un condensé de bonne lecture !
L’histoire, comme vous l’aurez compris, est axé sur le fantastique, mais pourtant, ce n’est pas cet aspect-là qui prime à la lecture. On suit avant tout le quotidien rempli de déboires de Ritsu, jeune lycéen devant préparer ses exams d’entrée à l’université. Force est de constater que c’est avec humour mais également réticences qu’il se retrouve embarquer dans des histoires de yôkaï inquiétantes voire, parfois, franchement, effrayante (rien de gore, toutefois).

L’ambiance du Cortège des Cent Démons est unique. Cela se voit dès la couverture, toujours réussie (et ce, quelque soit le tome), mais surtout calmes et douces, dans des tons apaisants mais magnifiques. Les pages intérieures sont dans un style différent, au premier abord, mais sont cependant dans la même veine. Ima Ichiko a un style plus « brouillon », propre à elle, qui ne se voit ni se devine dans ses dessins en couleurs. Là est le piège. Il n’empêche que son trait est agréable (sans être super méga magnifique).

Et le mélange réussi entre le fantastique et la vie quotidienne de Ritsu, entre l’humour et l’ésotérisme, prend facilement, avalant le lecteur pour des heures de bonnes lectures. (J’ai l’impression de me répéter, d’un article à un autre >_< ) Et même si les différents chapitres semblent indépendants, une chronologie se dessinent, beaucoup de personnages (humains/yôkaï) étant récurrents. On a droit à une flopée de persos, créant ainsi un petit univers bien sympa, dans lequel humains et yôkaï peuvent parfois vivre ensemble en s’amusant (si alcool il y a, c’est bon le saké).
Il est donc particulièrement agaçant et frustrant que le manga se soit interrompu brusquement au moment où un ennemi récurrent faisait une apparition… Et, aussi, alors qu’on allait savoir si Ritsu allait devenir rônin ou non. Argh ! quel suspens !

Allez, Doki-Doki, ceci est une supplique : reprenez ce manga !

5 réflexions sur « Destin funeste (1) »

  1. *Cierge en la mémoire d’Aria, décédée bien l’heure. Reste plus que l’édition Allemande de Tokyopop que j’ai énormément de mal à comprendre.*

    *Amen*

    Sinon, bah, j’ai jamais vraiment entendu parlé du Cortège des Cent Démons. Je suppose qu’une fois tout le bien dont j’ai entendu parlé, il était déjà trop tard…

    1. Oh, tu ne sais donc pas ce que tu as loupé… D’un côté, tant mieux, comme ça, tu n’as pas l’occasion de maudire les français pour leur manque de goût (du moins, pas pour cet arrêt-là).

      Moi, c’est l’inverse, j’ai pas lu Aria. Au vu de ce que j’entendais sur Kami, j’avais décidé de ne commencer aucun titre de l’éditeur (même si j’étais tenté par Aria et Peace Maker Kurogané). Du coup, ça m’a sauvé !

    1. J’aime bien assombrir les espoirs et motivations des gens, rendre leur journée encore plus moche et pourrie qu’elle ne l’aurait été sans moi !

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